Chiara Lubich… d’hier à aujourd’hui (1920 - 2020)
Chiara, comment pourrions-nous résumer ton histoire à l’occasion du centième anniversaire de ta naissance?
Allons à ta rencontre, en explorant les principales étapes de ton histoire.
Tu es née à Trente en Italie le 22 janvier 1920, deuxième d’une famille de quatre enfants. À ton baptême, on te donne le nom de Silvia. Tu prendras plus tard le nom de Chiara, inspirée par l’exemple de Claire d’Assise (Chiara en italien).
La famille Lubich dans laquelle tu grandis est unie, aux influences variées; ta mère est une catholique fervente et pratiquante. Ton père est socialiste et ton frère Gino est un communiste convaincu.
Très jeune, à l’âge de 13 ans, quand le pain se fait rare sur la table, pour aider ta famille, tu donnes des cours particuliers. Plus tard, tu obtiens un diplôme de maîtresse d’école et tu commences à enseigner. Souhaitant parfaire ta formation, tu t’inscris à l’université, mais la seconde guerre mondiale t’oblige par la suite à interrompre tes études.
Toute jeune, tu t’impliques dans l’Action Catholique. C’est lors d’une retraite à Lorette alors que tu avais 19 ans, que tu entrevois ta vocation, sur le modèle de la famille de Nazareth : des vierges et des gens mariés, tous donnés totalement à Dieu et formant de petites communautés au milieu du monde.
Début décembre 1943, tu sens que Dieu t’appelle et te dit : ‘’Donne-toi toute à moi’’ et c’est le 7 décembre que tu te consacres à Lui.
En te réfugiant dans les abris pendant les bombardements, tu n’apportes avec toi qu’un petit évangile. Les paroles t’apparaissent alors sous un jour nouveau. Toi et quelques compagnes qui veulent te suivre, vous vous mettez à vivre concrètement ces paroles en vous appliquant à aimer votre prochain, les démunis, les désœuvrés, les malades.
Cette nouvelle vie te fait faire un choix déchirant : quitter ta famille, qui se réfugie à l’extérieur de la ville; toi, tu continues, avec tes compagnes, cette vie à l’image des premiers chrétiens.
Vous vous établissez ensemble dans un petit logement qui deviendra le premier « focolare » un terme inspiré d’un mot italien qui veut dire foyer, là où le feu brûle.
Au fil des années, cette vie donne des fruits, des personnes de toutes origines et vocations se joignent à tes compagnes et toi et c’est ainsi que naît le mouvement des Focolari, aussi appelé Œuvre de Marie. La reconnaissance officielle de l’Église viendra entre temps.
Toute ta vie tu l’as consacrée à répondre à l’amour de Dieu pour toi, en aimant à ton tour chaque personne qui passait à tes côtés, sans avoir eu de plan initial pour créer un mouvement comme celui qui s’est développé au fil des ans.
Tu as cependant perçu que telle était la volonté de Dieu; en étant ouverte et en suivant la « petite voix » en toi, tu as tenté de réaliser le souhait de Jésus, lorsqu’il a dit « Père, que tous soient un, comme toi et moi nous sommes un » (Jn 17,21). Cette prière de Jésus est devenue la mission de ceux qui te suivent, ceux qu’on appelle les Focolari : réaliser l’unité de tous les hommes et femmes dans le monde, quels que soient leurs origines, âges, professions, religions, etc. parce que Dieu est Amour et qu’il aime toute personne sans distinction.
Toute ta vie tu l’as consacrée à réaliser l’unité. Tu as voulu que chaque personne sache combien elle est aimée de Dieu et qu’elle puisse à son tour transmettre aux autres cette découverte. Inlassablement, tu y as travaillé en communiquant, en interpellant, en accueillant et en écoutant. Des chemins de dialogue ont été tracés avec tous les gens de bonne volonté, croyants ou non, les catholiques, les chrétiens de diverses Églises, les musulmans, les bouddhistes et même ceux n’ayant pas de conviction religieuse.
Après cette vie fructueuse, tu t’éteins à 88 ans, le 14 mars 2008, chez toi, comme tu le souhaitais, à Rocca di Papa, à Rome. Tu es entourée de ta famille spirituelle. Tes funérailles se déroulent dans la basilique papale de Saint-Paul hors les murs; elles sont présidées par le Secrétaire d’État du Vatican. Des milliers de personnes de tout âge sont présentes, des personnalités politiques, des représentants de diverses religions, Églises et mouvements catholiques…
La phase diocésaine de la cause de ta béatification et de ta canonisation s’est achevée le 10 novembre 2019. Le dossier a par la suite été transmis au Vatican, pour une étude plus approfondie par la Congrégation pour la Cause des Saints
Chiara, tu nous laisses un très grand héritage, dont nous sommes reconnaissants. Là où se trouve la souffrance, les difficultés, les discordes, la mort, tu nous as montré que la lumière et la grâce ont abondé. Dans l’Évangile, tu as trouvé des paroles de vie et d’amour.
Tu nous laisses tant d’écrits, des discours, des statuts, un institut universitaire où est enseignée ta pensée. Tu nous laisses surtout des personnes dans le monde entier qui vivent cette spiritualité de l’unité, là où ils sont, formant la grande famille des Focolari. Aujourd’hui, ton idéal de vie, reste bien vivant et nous permet de poursuivre ton héritage.
Merci Chiara!